Thomas Legrain nous parle de Sisco

Thomas Legrain nous parle de Sisco

Découvrez une interview de Thomas Legrain qui parle de sa série Sisco (scénarisée par Benec), et plus particulièrement de son dernier tome qui paraitra le 12 juin prochain.

Pour quelles raisons aviez-vous mis Sisco en pause après la sortie de Maori blues en 2017 ?

Pour pouvoir me consacrer à la trilogie The Regiment, scénarisée par Vincent Brugeas. Comme j'avais essentiellement fait du thriller contemporain — souvent urbain - depuis le début de ma carrière, j'avais l'impression de stagner graphiquement. Après dix tomes de Sisco, j'avais envie de changer d'air, de me lancer de nouveaux défi s pour pouvoir évoluer et m'améliorer. Une trilogie historique située en plein désert, pendant la Seconde Guerre mondiale, m'a paru
être la bonne occasion.

Votre dessin s'est affiné. Cette expérience y est-elle pour quelque chose ?

Pour The Regiment, dans la perspective de m'améliorer et d'aller plus loin dans le détail, j'ai fortement augmenté la taille de mes planches. Je suis passé du A3 au A2, ce qui avait d'autant plus de sens que The Regiment devait être publié en grand format. Les décors de la série étant essentiellement naturels, et le nombre de cases par planche assez limité — à ma demande —, j'ai pu faire des pages qui respiraient beaucoup plus que dans Sisco. J'ai aussi d'avantage travaillé au marqueur pinceau pour assouplir mon trait et soigner les détails. Tout cela m'a permis un certain saut qualitatif, dont je récupère aujourd'hui les bénéfi ces, puisque j'ai gardé le format des originaux de The Regiment pour ce dernier diptyque de Sisco – quoi qu'ils soient légèrement plus petits. En me lançant dans la réalisation de Belgian rhapsody, j'ai juste craint qu'avec un format original plus grand et des décors urbains, la possibilité d'aller plus dans le détail allait m'amener à passer beaucoup plus de temps sur chaque planche. En fait, il s'est passé l'inverse : j'ai réalisé les 54 planches du tome 11 plus ou moins dans le même laps de temps que pour faire un 46 planches ; tout simplement car le grand format permet d'avoir un trait plus lâché, plus vif, ce qui rend l'ensemble plus dynamique, et facilite son exécution.

Vous n'avez donc pas rencontrez de problèmes pour vous réadapter à l'univers contemporain et au découpage plus nerveux de Sisco…

Seul le fait de revenir à des planches comprenant beaucoup plus de cases que dans The Regiment a été un peu laborieux au début. Mais j'ai vite retrouvé le bon rythme, et je me suis amusé à faire parfois des gaufriers encore plus chargés en nombre de cases que prévu par le scénario. Contrairement à The Regiment qui, avec sa narration en voix off , m'a amené à réaliser essentiellement des grandes cases illustratives, j'ai dû revenir dans Sisco à une multitude de cases très narratives, où je sur-découpe l'action afi n de la rendre hyper-lisible et fl uide. C'est là tout le plaisir que j'ai sur Sisco : créer de longues séquences très découpées, qui permettent d'off rir un vrai travail de mise en scène, particulièrement dans les scènes d'action, mais aussi dans les scènes dialoguées. En tout cas, niveau plaisir, ce dernier diptyque remporte la palme. Je ne me suis jamais autant amusé à dessiner Sisco.

Le diptyque Belgian rhapsody/Roulette russe conclura la série. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?

Rien ne nous a été imposé par l'éditeur, c'était prévu ainsi dès le départ. Nous avions conçu Sisco comme une saga en six diptyques. Dès le début, nous avions imaginé la fi n de la série. C'est le meilleur moyen d'obtenir un tout très cohérent, sans jamais devoir tirer les choses en longueur ; chaque diptyque apportant sa pierre à l'édifi ce. Nous avons pu faire Sisco en toute liberté, mais nous nous en sommes toujours tenus au projet initial de faire une série avec une vraie fi n. Aucun développement n'est donc prévu après Roulette russe. Nous considérons ces douze tomes comme un tout. Cependant, vu l'attachement que j'ai pour ce personnage et son univers, il n'est pas impossible que j'y revienne un jour ; si toutefois Benec est partant, et a de bonnes idées. Il est toujours envisageable de faire une sorte de suite, mais cela ne pourrait être que complètement diff érent.