L'exposition Boucq : Léonard Décodé "La cathédrale derrière le tableau"

L'exposition Boucq : Léonard Décodé  "La cathédrale derrière le tableau"

L'expo en deux mots

L’exposition explore les notions d’humanisme et de symbolisme dans la pensée de la Renaissance. Elle aura lieu du 11 mai au 6 octobre 2019 au Musée de la Franc-Maçonnerie. Elle a pour but de présenter ce qu’est la géométrie sacrée à travers l’œil de François Boucq, car c’est à partir du moment où l’on est détenteur du langage de la géométrie que l’on peut commencer à entreprendre l’investigation d’un tableau comme La Cène de Léonard de Vinci ou bien Les Noces de Cana de Véronèse.
"Boucq : Léonard décodé" propose ainsi de découvrir ce qui se trouve derrière les œuvres - des peintures de la Renaissance à la bande dessinée – et de nous fournir les clefs pour les analyser.

Léonard de Vinci : quatre tableaux décryptés

François Boucq propose quatre exemples où l’œil du dessinateur repère la structure géométrique cachée des œuvres de Léonard de Vinci. Le visiteur découvre ainsi, au travers d’une série de calques, la construction géométrique en train de se mettre en place. Ces quatre tableaux sont la Cène, la Joconde, l'Homme de Vitruve et le Noeud/la Concaténation

La géométrie sacrée : un langage universel

Nous avons tous un rapport à la géométrie, puisque la construction de nos corps, de nos ADN, sont basés sur des constructions géométriques internes analogues que l’on retrouve dans notre manière de regarder le monde. Quand on regarde une fleur, notre corps reconnaît l’étoile à cinq ou six branches qui s’y trouve. C’est un langage universel qu’il faut décoder. Ces éléments se retrouvent à l’intérieur des tableaux sans même que l’on s’en rende compte.

François Boucq s’est ouvert à la géométrie sacrée par le biais de plusieurs rencontres, dont celle d’un chanoine d’Auch. Après celles-ci, il s’est mis à étudier les œuvres sous un nouvel éclairage en réalisant que de nombreuses œuvres de la Renaissance ou du Moyen-Age étaient élaborées à partir de constructions géométriques sous-jacentes. La perspective propose un premier élément structurant pour analyser une œuvre. Vient ensuite la proportion, autre élément structurant et qui figure déjà dans le langage de la géométrie, à travers des figures comme le triangle, et surtout le pentagone. À partir de ces éléments, on explore le tableau. A mesure de décompositions successives, on s’aperçoit que cette structure est semblable à celle d’une cathédrale.

Symbolisme et bande dessinée

On peut penser que l’utilisation du symbolisme est un procédé plutôt éloigné de la bande dessinée, mais, si l’on se donne la peine de regarder les planches de certains dessinateurs, comme François Boucq, on finit par reconnaître que c’est au cœur de leur façon de concevoir celles-ci, et que cela agit même à l’insu du lecteur. Il en résulte que le lecteur pourra lire l’album comme une histoire avec son intrigue et ses rebondissements, mais s’il s’attarde sur le dessin, il pourra aussi décrypter certaines planches selon des diagrammes symboliques.

Dans la bande dessinée réaliste, un élément fondamental de la composition d’une image est la perspective. La première partie de l’enquête d’un chercheur d’art traditionnel passe ainsi par la découverte du langage symbolique de la géométrie.

Plusieurs des couvertures du Bouncer, de Face de Lune ou certaines cases ou images de Bouche du Diable ont été composées selon ce principe qui remonte à l’enseignement traditionnel des confréries artisanales dont Dürer et Léonard de Vinci faisaient partie. François Boucq réalise aussi d’ailleurs souvent pour ses cases des crayonnés incluant les figures géométriques qui organisent de façon sous-jacente les images.

L’analyse de La Cène : le Christ comme point de fuite

Le point de fuite est le moyen par lequel on aide le spectateur à l’identification. C’est important, car l’identification est au cœur de la conception traditionnelle de l’art. Celui qui regarde une œuvre ne doit pas regarder celle-ci comme quelque chose d’extérieur à lui,
mais, au contraire, participer à ce qu’elle est en vue de s’y identifier. Elle suppose une rupture de la dualité sujet-objet.

À partir du moment où l’on a ce point, l’effet est celui d’un caillou que l’on jette dans l’eau : le reste du tableau va se propager comme des ondes. Le point de fuite crée un point original à partir duquel le tableau se déploie d’une manière géométriquement proportionnelle au nombre d’or. Il ne restera plus qu’à étudier ces figures, la façon dont elles s’entrelacent et le sens qui en résulte.

Dans La Cène, toutes les lignes de perspective convergent sur le Christ. C’est lui le point de fuite, le centre. Celui qui regarde le tableau est comme installé à l’endroit le plus adapté pour s’identifier au Christ. Le linteau de la porte quant à lui permet de trouver le départ de l’étoile à cinq branches. Toutes les constructions et les autres étoiles se développent à partir de celle-ci.

Et ce qu’il faut savoir, c’est que ces formes géométriques sont induites chez le spectateur !